Un après-midi au musée du Jeu de paume.
Dans la cafétéria du musée du Jeu de Paume, à Paris, une grande baie vitrée donne sur une rangée d’arbres qui borde le jardin des Tuileries.
A cet endroit, le jardin des tuileries rejoint la place de la Concorde et sa grande roue.
Le musée du Jeu de Paume héberge une belle institution dédiée à l’image. Des expositions photographiques et vidéo, une magnifique librairie très bien achalandée dans les domaines de la photo, des conférences et atelier, on peut facilement y passer un après-midi.
Ce jour là, après avoir visité plusieurs expositions qui m’avaient interpellé voire bousculé, je me suis accordé un moment de repos à la cafétéria. Je me suis installé le long de la baie vitrée donnant sur le jardin.
Une charmante étudiante, absorbée dans un énorme livre de philosophie sérieuse, en assurait la permanence. Elle a fini par s’apercevoir de ma présence au bout d’un moment, et m’a servi.
Un thé chaud plus tard, l’étudiante de nouveau plongée dans ses études, j’ai aperçu deux paires de jambes cheminant, des personnages masqués en partie par la frondaison des arbres bordant le jardin des tuileries. J’ai peu à peu réalisé qu’il s’agissait d’une femme en collants rouges et d’un homme en pantalon clair. Pas d’autres indices.
Le couple, venant de la gauche de l’image, s’est arrêté juste sous le reflet de la porte de la cafétéria qui donne sur le couloir.
Ceux que j’ai plus tard baptisés “Les amoureux du jeu de paume” se sont alors retournés l’un vers l’autre, et se sont apparemment enlacés.
Le temps ne comptait plus pour eux.
Ce théâtre devant mes yeux me suggérait la possibilité d’une photo. Mais il manquait quelque chose …
Des visiteurs, pendant ce temps, passaient régulièrement dans le couloir.
Un homme a franchi la porte de la cafétéria, s’est fait servir une boisson, et est repassé devant le reflet de la porte pour aller s’installer à une table.
Me baladant léger, c’est l’appareil photo 1 Mpx de mon vieux smartphone Htc que j’ai déclenché, sans réfléchir ni cadrer, sans, forcément, maîtriser quoi que ce soit.
C’est seulement après coup, sur grand écran, que j’ai constaté les jeux de lumières et de couleurs dans cette image.
J’y ai découvert la lumière chaude de cette mi-août sur le sommet des arbres avec ces teintes du jaune au vert sombre, et cette étonnante lumière froide et bleue sous les arbres et sur le passage qui les borde.
J’ai également remarqué le jeu de découpes que le feuillage dessine au sol.
“Mes amoureux” étaient bien visibles sur la photo, une petite tâche rouge signalant leur présence.
Le passage de cet homme devant le reflet de la porte du deuxième client de la cafétéria a bien été capturé, par chance, juste au bon moment.
Que signifie ce personnage dans cette image? Cette ombre est-elle inquiétante? L’amour est-il menacé?
Bien que de petite définition, j’aime bien cette photo, et les interrogations qu’elle suscite.
Mes amoureux sont encore là. Le temps n’a pas prise sur eux
Cette photo des amoureux, un amour “caché” peut-être ? ne serait il pas “paumé” ce personnage qui rentre à la cafétaria? un reflet c’est toujours mystérieux et on ne sait pas toujours comment l’interpréter mais cela donne souvent des résultats “photographiques” assez magiques.Si j’ai bonne mémoire, tu avais présenté en A4 cette photo “reflet” lors d’une exposition d’art à La Crèche.
En résumé, c”est une belle histoire parisienne.
Mais comme le dit la chanson, “les histoires d’amour finissent mal en général…”
Sans l’ombre d’un doute ? Faut voir !
L’ombre ici interfère avec le couple, se surimpressionne en jouant les entités parasites, précurseur de je ne sais trop quoi à en devenir virale.
Les amoureux, eux, devraient se tenir à carreau et s’ils se mettent momentanément au vert, il ne vont pas tarder à finir avec du bleu à l’âme.
Une petite histoire volée comme on les aime et c’est bien vrai que la photo que tu as choisie pour l’illustrer est particulièrement captivante dans ses détails et sa lecture.
Mais ne nous inquiétons pas pour autant, la roue tourne.
Les photos avec reflets sont toujours un peu mystérieuses et moi elles m’énervent un peu car je ne les comprends pas toujours, je ne vois pas la réalité qu’elles cachent. J’aime bien par contre les couleurs et leur jeu en plus de la géométrie qu’elles dessinent.
Pour ce qui est des “amoureux” cela me fait penser à l’image captée par le photographe de Blow Up….Mais je me fais du cinéma !
Merci Bruno, j’aime tant cette photo et j’aime aussi ce que tu as écrit. Bravo à toi.