PARL’Im@ge – projet 12 – Avril

Le thème du projet 12 de PARL’Im@ge du mois d’avril était l’eau : l’eau sous toutes ses formes.

Le thème du mois d’avril était l’eau. Thème vaste tant que l’eau peut prendre une multitude de formes. Bien souvent on ne la voit que sous sa forme liquide mais on la trouve aussi sous forme de goutelles lors de rosées matinales ou dans les nuages, de brume et de brouillard, de glace, de vapeur. Elle est un solvant efficace mais également source d’agréments. Indispensable à la vie, elle peut être source de joie et de bonheur, mais également de drames.

Quel le point de départ de l’eau ? Est-ce la source ou la mer à partir de laquelle l’eau s’évapore ? L’eau circule sans arrêt sur la Terre. Elle s’évapore des océans et y revient sous forme de pluie. Le soleil fait s’évaporer l’eau des rivières, des lacs, des mers, des océans en de fines gouttelettes. En se regroupant, elles forment des nuages qui, poussés par le vent, rencontrent des masses d’air froid et donnent naissance à la pluie. L’eau de pluie s’infiltre dans le sol et rejoint les nappes phréatiques, les sources, les rivières, les fleuves, rejoindre les océans pour recommencer sans fin le même voyage.

Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l’eau prend sa course
Comme pour s’en aller bien loin.
Elle murmure : Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.

Théophile Gautier

Une cascade, au fond, de ses eaux cristallines
Baigne les rochers noirs, éparpillant dans l’air
Sa poussière d’écume en blanches mousselines.
Au pied des rocs abrupts, dans sa chute sans fin,
L’eau tombe et s’élargit en un vaste bassin,
Où s’alimente et dort la rêveuse rivière
Le soleil au zénith y darde sa lumière ;
Mais, dans l’après-midi, les monts aux pics altiers
Y versent les fraîcheurs d’une ombre hospitalière.

Auguste Lacaussade

Dans un pays de cocagne,
Sur un grand plateau,
Au pied d’une montage,
S’écoule un filet d’eau.
Petit à petit il grossit,
Dévale, saute les cailloux
Prends de ma force puis s’élargit
Alimenté par le redoux.
Ses eaux rapides s’engouffrent sous les roches,
Se cognent au fond pierreux,
Rebondissent, s’accrochent,
Aux racines des arbres noueux.

Frantic

Que c’est une chose charmante
De voir cet étang gracieux
Où, comme en un lit précieux,
L’onde est toujours calme et dormante !
Mes yeux, contemplons de plus près
Les inimitables portraits
De ce miroir humide ;
Voyons bien les charmes puissants
Dont sa glace liquide
Enchante et trompe tous les sens.

Racine

S‘asseoir tout au bord de l’étang 
Au banc de pierre pour rêver,
Écouter me parler le vent 
Lorsqu’il s’en vient murmurer

La douce chanson des roseaux,
Celle qui berce mes rêves
Et qui se perd au fil de l’eau
Avant que le jour ne s’achève.

Écouter les arbres frémir
Et les feuilles se mettre à trembler
Sous le frais et léger zéphyr
Quand il vient doucement poser

Son souffle comme une caresse,
Voile de quiétude et de paix,
Sur l’onde bleutée de tendresse
Qui s’offre à mon coeur reposé.

Daniel Lajeunesse

Il est nuit : la mer dans son lit repose,
Assoupie au loin si tranquillement
Que pas une brise à cette heure n’ose
Troubler d’un baiser son recueillement.

Sans murmure aucun, sans aucune ride,
Qu’elle est belle à voir cette mer qui dort,
Laissant admirer dans le flot limpide
A la claire nuit ses étoiles d’or !

Pour jouir ainsi de ce calme immense,
Quel est ton secret, ô mer ? Dis-le-moi !
Car je sais un cœur, un cœur en démence,
Qui voudrait enfin dormir comme toi !

Joseph Autran

Une douceur apaisante propice à la rêverie…
Toute une tendresse exprimée dans une lumière quasi irréelle…
L’évasion est au rendez-vous…
L’esprit s’allège dans l’harmonie d’un nuancier irisé…
Les fardeaux régressent en ces instants privilégiés…
Sillons, lignes, effilochées, courbes écumeuses,
Traces délicatement déposées,
Dans les murmures et bruissements
Entre ciel, sable et mer…
Moments de bien-être ô combien précieux ! »

Cerise Marithé

Une plage a la Faute sur mer

Elle est née dans le fond des abysses lointains,
Là où il n’y a plus ni souffle ni lumière,
Là où est engloutie la béance première,
Là où sont abolis les soirs et les matins.

Les algues déployées ont été son berceau,
Autour d’elle ont dansé des bêtes chimériques,
Des tentacules nus, des monstres fantastiques
Et cette immensité des ténèbres de l’eau.

Elle a pris son essor parmi la nuit des temps,
Parmi ce monde sourd qui prépare la houle,
Parmi flux et reflux, parmi l’ombre qui roule,
Avant que de bondir sous les cieux éclatants

C’est l’horizon qui enfle et l’azur qui rugit,
C’est l’écho qui se cache au ventre de la terre,
C’est un gouffre, un abîme, où gronde le tonnerre,
C’est la mer assemblée qui accourt et mugit.

Elle se rue parmi les écueils jetés là,
Elle feule, tordue comme un corps qu’on tourmente,
Et sur la plage enfin, vengeresse, écumante,
La vague en sa splendeur se dresse puis s’abat.

Ombrefeuille

Je suis né au magasin
A la lueur des néons
Avec deux trois copains
Puis j’ai tourné en rond

Je suis un poisson rouge
Mon eau est ce bocal
Voir le monde à la loupe
Etait mon idéal

Je passe mon temps à baîller
Et manger des graines
Ma peau s’est écaillée
Comme tout poisson qui s’traîne

Je me suis fait mon film
Non ! ne me condamnez pas
Dites moi à quoi ça rime
Tourner en rond comme ça

T’as raison mon petit gar
En rond à quoi ça sert
Regardes le bel achat
Un bocal rectangulaire !

Alain Guérin

Comme un poisson dans l'eau.

La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phoebé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.

Ainsi ton âme qu’incendie
L’éclair brûlant des voluptés
S’élance, rapide et hardie,
Vers les vastes cieux enchantés.
Puis, elle s’épanche, mourante,
En un flot de triste langueur,
Qui par une invisible pente
Descend jusqu’au fond de mon coeur.

La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phoebé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.

Charles Beaudelaire

Les eaux sombres d’un lac, un ciel bruissant d’étoiles
Entre l’horizontalité liquide et l’air
Le nageur, dos crawlé, file, le regard droit
Un regard qui se noie dans la voûte éthérée
Un regard qui s’oublie dans l’obscur scintillant
Ses deux bras battant l’eau, il progresse sans fin
Ses deux puissants battoirs propulsent son bateau
Floc floc… floc floc… floc floc…

Dans ses flancs, sous sa peau, bourdonne un équipage
Son cœur pompe le sang, son pouls bat la cadence
Il tangue, le berceau de son être naissant
Oscille, le creuset charnel chargé d’élans
Son corps glisse et fend l’eau, son sillage est d’écume
Qui est-il, cet Icare qui chute tête en bas?
Qui est-il, cet oiseau qui nous joue les comètes?
Floc floc… floc floc… floc floc…

Jean Lezurc

Il y eut un orage, et puis deux, et puis trois …
Des trombes vrombissant avec un bruit d’enfer,
Nous assourdissant tous et flagellant les toits
En y rebondissant comme une pluie de pierres.

On ne s’est pas méfié : la pluie dans le Midi
Tombe le plus souvent sous forme de torrents,
Et nous n’avons pas vu que petit à petit
L’eau montait en chuintant dans les rues et les champs.

Puis elle a envahi la place, les trottoirs,
Inexorablement. Un flot sale et bourbeux…
Le ciel s’y reflétait, et l’étrange miroir
Etait parfois zébré des éclats lumineux

Didier Léveillé

Petite perle cristalline,
Tremblante fille du matin,
Au bout de la feuille de thym
Que fais-tu là sur la colline ?

Ce que je fais sur la colline ?
Je m’y prépare, avec amour,
A m’offrir, quand viendra le jour,
Pure, à sa pureté divine.

Tu le sais, son rayon n’est beau
Que pour la goutte transparente
Voilà pourquoi, persévérante,
Je l’attends là sur le coteau. »

Du coteau la cime se dore,
L’oiseau se réveille en son nid,
Et la fleur s’empresse d’éclore…
Mais voyez la goutte qui luit !

Henri-Frédéric Amiel

l'eau vaporisée puis condensée à l'intérieur d'une bouteille en plastique se dépose en gouttelettes de tailles inégales en suivant les dessins du contenant.

Merci à Christian, Denis, Johann, Philippe et Philippe et Philippe, Marie-Thérèse, Michel, Nicole, Olivier, Pascal et Yveline pour leur contribution.

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7 Comments

  1. Hello Marc bonjour,
    Il était temps qu’il arrive celui-ci, on commençait à se déshydrater grave !
    Eh attends, pour un peu on avait l’eau d’avril sur le pas de la porte non mai.
    Plus sérieusement, respect ; un gros travail de recherche pour coupler les poésies aux images avec un résultat qui ouvre les perspectives.
    Et puis quelle richesse dans les interprétations et la liaison que chacun a établi sur son rapport à l’eau.
    De la cascade vivifiante de Philippe aux gouttelettes de Pascal en passant par les laitances de Olivier et Johann, sortir du bocal pour se plonger dans les grandes eaux après les vagues d’eau salée, tellement d’autres possibles à exploiter sans risques de tarir la source de la créativité. Je dis bravo !
    J’aurais juste eu envie que tu complètes par les commentaires de chaque photographe sur leur image respective pour assécher le sujet…
    Allez, je vais prendre mon bain, @+

  2. Bravo Marc pour ce petit livre de poésie que nous avions illustré auparavant ( drôle de démarche ! ). Mais sommes-nous devenus un club de poètes-photographes ou de photographes-poètes ? J’en compte au moins 3 ….et qui n’ont pas l’air comme ça……
    Bien que je ne sois sensible qu’à certaines formes de poésie, j’apprécie,
    surtout en relisant, tranquille, et je dis : bien trouvé, bien choisi.
    MERCI.

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