Je suis, je suite…

La Martinique D’hier, la Martinique du cœur.

Dans ce second opus, retrouvez la même tendance sans les traditionnelles couleurs des tropiques … et sa célèbre rhumerie Clément (Domaine de L’Acajou) avec sa distillerie restaurée en 2005, objet du premier volet (interdit aux mineurs, désolé…).

Un sentiment d’intemporalité dans ces lieux imprégnés d’histoires.

Au travers des paysages, des hommes et des lieux une île avec son histoire qui se dessine à l’encre sépia pour mieux sortir des clichés traditionnels et des sentiers battus ; ceux arpentés par les esclaves et les colons, parsemés des plantations de cannes et de bananes ainsi que par les distilleries de rhum qui possèdent en elles une histoire séculaire auréolée aujourd’hui d’une appellation d’origine contrôlée…

Le mémorial

« Le 8 avril 1830, vers midi, un bateau effectue d’étranges manœuvres au large du Diamant, et vers cinq heures de l’après-midi jette l’ancre dans les parages dangereux de l’Anse Cafard. Un habitant du quartier, François Dizac, gérant de l’habitation Plage du Diamant, propriété du Comte de Latournelle, se rend compte du danger couru par le navire, mais une houle très forte l’empêche de mettre une pirogue à la mer pour prévenir le capitaine du péril imminent qu’il courait d’être jeté sur la côte. Il doit se borner à faire des signaux que le capitaine ne voit pas ou ne veut pas voir.

Dizac et un groupe d’esclaves de l’habitation se rendent immédiatement sur les lieux pour découvrir une vision d’horreur !

Le bateau disloqué sur les rochers avec ses passagers pris dans la terrible furie de la mer déchaînée.

Les sauveteurs virent alors le mât de misaine, surchargé d’individus affolés se briser et entraîner définitivement dans l’écume et les rochers un grand nombre de personnes.

Le bateau fut entièrement détruit, son nom et sa nationalité ne sont pas établis en l’état actuel des recherches historiques. Le lendemain, 9 avril 1830, à l’aube, quarante six cadavres furent repêchés. Les corps de marins-négriers furent inhumés au cimetière du Diamant et les noyés africains « à quelques distance du rivage », c’est-à-dire dans ce secteur. Quatre vingt six captifs, vingt six hommes et soixante femmes, furent donc sauvés et recueillis par Dizac et les esclaves de son atelier avant d’être transférés vers Fort-de-France.

Les rescapés étaient tous d’origine africaine.

Six blessés dont l’état ne permettait pas le transport furent laissés provisoirement sur l’habitation d’un homme de couleur libre, aveugle, nommé Borromé dont on retrouve la descendance à l’Anse Cafard. »

Aujourd’hui, rendant hommage aux victimes de cette tragédie, la ville du Diamant se souvient qu’ici comme ailleurs, l’homme a impitoyablement asservi l’homme !

Ce monument est orienté au cap 110° en direction du Golfe de Guinée. Il a été érigé en mémoire des victimes inconnues de la traite et en invitation à la Fraternité entre les hommes.

Lorsqu’on le contemple de près, comme un vague écho aux moaï, le colosse de pierre nous interpelle dans un silence minéral et le décor prend immanquablement aux tripes en rappelant ce qu’était le commerce triangulaire. Reviennent alors les paroles de la chanson de Nougaro :

« Armstrong je ne suis pas noir, je suis blanc de peau, quand il faut chanter l’espoir, quel manque de pot… ».
Posted in 01- Public, Reportage.

2 Comments

  1. Le poids des mots le choc des photos !
    Tu as raté ta carrière Philippe , mieux que Géo c’est les docs de mister Guilmet.
    Superbes images ambrées comme le vieux rhum qui galvanise ce magnifique récit , bravo.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.