« Diego, libre dans sa tête derrière sa fenêtre s’endort peut-être »
Michel Berger
Elle commence souvent par là, allégoriquement, franchir les limites que la nature nous impose, s’affranchir de ces barrières matérielles et matricielles qui conditionnent nos actes et nous emprisonnent dans un carcan psychologique, moteur de nos actions futures elles-mêmes vecteurs d’expériences jalonnant le chemin à parcourir…
Dans l’illustration de Denis et à l’image de Diego, Stéphanie rêve
Dans sa mégalopole, assise à son bureau, devant son écran, Stéphanie rêve. Les yeux clos, elle imagine déjà qu’elle quitte ces tours, ce béton et le brouhaha incessant de la circulation urbaine.
Doucement, progressivement, elle s’évade. Les tours de la cité se fondent petit à petit dans la verticalité d’immenses troncs d’arbres, perdus dans une épaisse forêt. L’esprit de Stéphanie n’est plus là.
Pagayant tranquillement sur un lac de montagne, elle progresse vers cette forêt devenue apaisante. De longues heures de marche plus tard, elle fait face à son but : un massif montagneux dressé haut vers le ciel. Et enfin, elle atteint son but, dans la blancheur des neiges éternelles, dominant les nuages, de son regard d’enfant retrouvé.
Stéphanie s’imprègne de ce moment de plénitude.
Autre perception que nous propose Yvelise visant à repousser, illusoires tentatives, les limites dans lesquelles la physique nous emprisonne et/ou la camisole psychique qui borne notre pensée… ou quand Alexia voyage dans l’astral.
Extrait du poème Évasion de Esther Granek
« Et je serai face à la mer qui viendra baigner les galets. Caresses d’eau, de vent et d’air. Et de lumière. D’immensité. Et en moi sera le désert. N’y entrera que ciel léger. »
Alexia, jeune femme d’une grande beauté, enfermée dans la prison qu’elle s’est elle-même construite au fil du temps, se limite chaque jour davantage pour éviter la rencontre avec le monde réel. Que cherche-t-elle ? Périr ou fuir ? Ou bien encore s’évader ? Résignée et soumise à ses chimères invalidantes, elle s’éloigne chaque jour un peu plus de ce quotidien qui se contracte et la tiraille, la ceint entre des murs épais et invisibles. Lors de fortes tempêtes intérieures, qui la torture et l’exténue, elle se dissocie pour supporter la douleur qui la détruit peu à peu. Alors, son esprit s’élève au-dessus de son corps. A ce moment-là, elle s’évade, se laissant porter hors du temps. Elle imagine des lieux accueillants, remplis d’oiseaux et de papillons voletant autour d’elle. Les jours d’humeur grise, parfois noire, elle voit des monstres et des dragons qui sortent de sa tête, aggravant ses cauchemars.
Dans son état morbide, elle sait que la véritable évasion immuable arrivera avec la mort.
Pour le moment, elle est condamnée à vivre de multiples tentatives d’évasion, les jours d’humeur plus joyeuse…
En variation sur le même thème et un peu plus haut, éclaboussant le champ des possibles, quelque part bien au-delà de la stratosphère et du firmament, le ciel se constelle auréolé d’une poussière d’étoiles…
Archipels de matière dans un océan cosmique parsemé de crépitements silencieux, d’explosions de lumières blanche ou noire, traversé d’ondes et de particules élémentaires, elles abritent en de rares occasions une étincelle unique rare et précieuse : la vie. Dans un bouquet d’artifices, elles libèrent les particules vitales qui, au gré des vents solaires et des champs gravitationnels, ensemencent et fécondent les courants de l’espace… Se réconcilier avec notre nature cosmique, se rapprocher des astres, embrasser l’univers en caressant la chevelure de Bérénice,
…
slalomer au travers des galaxies en expansion, contempler les amas stellaires sur l’écran tridimensionnel de nos envies nébuleuses d’essaimer ; assumer notre destinée, redevenir les enfants des étoiles en s’affranchissant du berceau maternel !
Les mystères de l’univers seraient-ils les effets du quasar ?
Et toi le lecteur de passage, comment souhaites-tu t’évader ?
l’Evasion nous a inspiré tous les trois. La lecture de cette nouvelle chronique terrienne, touche et emporte vers ma propre intériorité. Rien d’anodin en somme ! C’est très fort !!!
Quant aux couleurs, sans dire mot, nous avons choisi un camaïeu de bleu.
Merci Philippe, pour ton travail de mise en œuvre des photos et des textes confiés.