Liban

Pour ce mois d’août de l’armoire aux souvenirs, j’ai choisi de vous montrer en quelques photos mon séjour au Liban de janvier à mai 2010. D’autant que la situation de tension actuelle va certainement remettre le Liban au cœur des préoccupations politiques.

Le Liban, est une véritable poudrière au Moyen-Orient car il concerne plusieurs pays de la région : le Liban, la Syrie, l’Iran, l’Arabie Saoudite pour ne citer que les plus influents. Le Liban-sud, région frontalière avec Israël, est contrôlé par le Hezbollah, mouvement terroriste chiite mais qui au Liban est un mouvement politique armé. Ce territoire a été envahi plusieurs fois par Israël en réaction à des attentats ou des tirs de missiles. Il fait l’objet de la résolution 1701 de l’Onu, qui met en place une force d’interposition de 10 000 hommes sur un territoire grand comme la Gironde.

Constitué d’un grand plateau calcaire, les diverses rivières et fleuves ont creusé des vallées profondes. Alors que le plateau est un désert de cailloux agrémenté de-ci de-là de quelques arbustes, le fond des vallées est fertile et réservé à l’agriculture. Les villes et villages sont plutôt construits sur les hauteurs.

Centre ville typique au Liban-Sud

Paysage du Liban-sud prise d’hélicoptère

La France est le plus gros contributeur de la Finul (force d’imposition des nations unies au Liban) avec 700 militaires français qui occupent plusieurs postes dont le plus important est celui de Deyr Kifa.

Entrée du poste français à Deyr Kifa.

Vue du village de Deyr Khifa, à partir du camp français. Au fond les monts Liban, grande chaine montagneuse d’axe Nord-Sud, qui coupe le Liban en deux : une bande côtière à l’ouest et la vallée de la Beeka à l’est

Logement des éléments français. Un bungalow pour 6 climatisé, après c’est le fameux système D pour faire de l’ombre quand il fait jusqu’à 40 degrés l’été.

Il y peu de puits au Liban-sud. L’eau est un élément crucial. Toute la journée, des norias de camions citerne font des centaines de kilomètres pour approvisionner les postes en zone. Ils sont remplis à la base française puis alimentent les autres postes français, ghanéens et italiens.

Autre vue du logement du contingent français, cette fois dans un des postes situé sur la frontière israélo-libanaise.

Poste français 6.52
Poste français 6.50

Profitant d’une mission hélico, photo aérienne des deux postes français. Soit on est un peu tout seul au milieu de rien, soit on a quelque fois un voisin pas très causant, comme le poste israélien (photo de droite).

Il existe 3 frontières au Liban-sud. La vrai, celle des cartes dont tout le monde se fout, la “blue line”, frontière de l’Onu, délimitée par des bidons bleus qui garantit qu’au nord de cette ligne, le terrain a été déminé, la “technical fence”, construite par Israël en des endroits propices, que suit une piste en latérite qui permet ainsi à IDF de faire des patrouilles de surveillance.

Et quelque fois, cela ne se passe pas bien, comme pour le village de Ghajar.

Autre vue, à partir du poste français, sur la frontière. On y retrouve le bidon bleu marquant la “blue line”, et la piste israélienne qui permet de faire les patrouilles.

Photo prise d’hélicoptère. On voit bien la différence entre le territoire libanais (en bas) et le territoire israélien (en-haut). A droite, le poste d’écoute principal israélien pour espionner les téléphones portables mais également les radios de l’Onu.

Au bord d’agglomération, la “technical fence” prend des dimensions plus imposantes. A droite, sur la grande citerne, le drapeau israélien, à gauche sur le lampadaire, le drapeau jaune du Hezbollah. Le ton est donné. Sur le toit du blindé, au premier plan, un brouilleur.

Certaines portions comme ici sont même électrifiées.

Patrouille le long de la frontière.

Une fois par mandat, un exercice de tir au canon est réalisé en commun avec l’armée libanaise. Le Liban n’ayant pas de champ de tir assez grand pour tirer au canon, on tire en mer.

Deux mondes qui coexistent : l’un, un monstre de technologie de 55 tonnes, l’autre, un moyen de déplacement écologique.

Le dimanche, c’est un peu plus relâche. On améliore l’ordinaire ou alors on peut aller se balader à Tyr, une ville historique de 45 000 habitants, à 95% chiites.

Quelques vues de la ville de Tyr

Ancienne ville romaine. Tyr a gardé un remarquable patrimoine historique : un hippodrome, forum, maisons, colonnes.

Beyrouth, capitale du Liban. Arrivée sur Beyrouth par l’est, après avoir traversé les monts Liban.

Voilà un petit aperçu de mon séjour là-bas. Bien sur, par rapport à 2010, cela à un peu évolué. Il n’y a plus que des blindés sur roues actuellement et la structure de commandement s’est aussi adapté puisque les troupes françaises constituent maintenant la réserve d’intervention du commandement de la Finul. Mais les effectifs sont à peu près les mêmes.

Bonne rentrée ! Marc

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3 Comments

  1. Un témoignage puissant, sans concession, qui bouscule notre confort d’occidentaux !
    Une leçon d’histoire aussi, loin d’être uniforme ou se mélange conflit politicien-économico-religieux et quotidien de belligérants qui adorent se haïr en abreuvant leur antagonisme à une source plus que millénaire…
    Bravo Marc et respect, un reportage qu’il faut prendre le temps de lire et relire pour à peine lever un pan du voile et qui confère à l’armoire aux souvenirs tout son sens et ses lettres de noblesse.
    Merci, tu t’en Tyr comme un Chef et, photographiquement parlant, je kiffe celle de Deyr Khifa et des monts du Liban.
    Après mon salaud, vous faites pas chier, langoustes au barbec !!!

  2. Merci beaucoup, Marc, pour ce témoignage très documenté. Un moment d’histoire contemporaine de ton passé sous les drapeaux. Ça fait quand même froid dans le dos, de savoir que de telles tensions perdurent.
    A bientôt
    Denis

  3. Une excellente armoire aux souvenirs qui dressent avec liberté, les conflits qui perdurent depuis trop longtemps, dans cette région du monde qui préfère vivre dans l’obscurité plutôt que la lumière….Même si le soleil y brille tous les jours ou presque….Tu éclaires l’histoire douloureuse de ce pays et de ses voisins. Merci infiniment Marc pour ce reportage documenté et émouvant.

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